Dessiner ce qu’on a envie d’écrire
À propos du livre
Près de quatre-vingt-dix œuvres graphiques de l’écrivain Georges Perros sont rassemblées dans cet ouvrage: 72 dessins reproduits en couleurs et 15 gravures. Elles sont illustrées d’un choix de texte de l’auteur et son ami Michel Butor signe la préface. Une œuvre étonnante et méconnue est ainsi mise à jour.
Georges Perros a toujours dessiné. Depuis les années quarante — vagues croquis sur des pages arrachées à des carnets ou des cahiers — jusqu’à quelques semaines de sa mort en janvier 1978 (un dessin très sombre est envoyé à Michel Butor deux semaines à peine avant la fin). Mais sa véritable production graphique naît au début des années soixante, au moment de la publication de son premier livre, Papiers Collés (1960).
Il y a une véritable recherche graphique dans ces petits dessins, aux formats proches de celui d’une carte postale, qu’il utilise d’ailleurs assez régulièrement pour sa correspondance. Les techniques sont variées (encres, gouache, feutre,…) et sont plus souvent dictées par l’état des finances familiales, rarement au beau fixe, que par une volonté artistique.
La correspondance qu’il entretient avec son complice Michel Butor nous permet d’ailleurs de comprendre l’importance qu’avait pour lui cette activité: il la présentait comme un passe-temps inutile mais, dans le même temps, avoue y consacrer des semaines entières :
«Pour calmer l’écheveau nerveux, je fais de la peinture à l’eau. C’est très économique, à la portée d’un enfant. Le temps ne dédaigne pas de venir s’y intéresser, par-dessus l’épaule, l’œil un rien narquois. C’est très loin de valoir la photographie, mais je le répète, c’est moins cher. Et beaucoup plus personnel, inutile de faire un dessin !» (1958)
«En ce moment, je colle des tas de saloperies — allumettes, sables, algues, fleurs, sur des bouts de carton. Marrant.» (1960)
«Je me suis remis au dessin, à l’encre de chine, à la gouache. Tout y passe, les vaches du pré voisin, n’importe quoi. Ce doit être le foie. Mais ça repose des manuscrits.» (1968)
«Dernière semaine passée à dessiner, comme un dingue. Tracé de nerfs.» (1972)
«Je m’exténue en petits dessins. Ça ne fait pas de mal, ou bien, à personne. Mais je me sens si bien tout seul dans ma turne. Un vrai salaud !» (1976)
Des dessins d’écrivain ? Prenons garde de ne pas trop vite les cataloguer, de ne pas les laisser basculer dans l’anecdotique; ici la démarche artistique est patente. Perros cherche, invente, expérimente, avec plus ou moins de bonheur, et construit peu à peu une œuvre qui reste à découvrir.
Oeuvres graphiques / 2005 / épuisé, il existe un tirage de tête : 25 exemplaires numérotés enrichis d’une gravure originale de Goerges Perros, épuisé également / 160 pages / 16×22 cm / 978-2-912667-26-7
La presse en parle …
Toute sa vie, entre les pages de ses Papiers collés, Georges Perros a glissé des dessins collés. Il y montrait sa vraie nature, celle d’un pessimiste enjoué qui trouvait, dans l’exécution de ces croquis cruels et de ces tableaux énigmatiques, l’occasion de repousser l’angoissante hypothèse d’écrire un livre.
Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur.
L’œuvre graphique est une facette méconnue de Georges Perros. Mais c’est un aspect de son travail qu’il ne faut pas négliger tant il témoigne d’un talent en perpétuel recherche.
Laurent Frétigné, Ouest-France.