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Capharnaüm n°2

Alfred EIBEL

À propos du livre

La seconde livraison de la revue Capharnaüm est entièrement consacrée à la publication de la correspondance de Jean-Pierre Martinet avec Alfred Eibel.

Printemps 1971. Jean-Pierre Martinet a 27 ans, il a terminé l’IDHEC, l’école du cinéma, et travaille à l’ORTF comme assistant-réalisateur, il est plein d’espoir, rêve de cinéma et un peu de littérature. Alfred Eibel, lui, a 39 ans, il est journaliste et rêve de lancer sa maison d’édition. Ils ont un ami commun, Michel Marmin, qui les enrôle tous les deux dans son rêve à lui: une revue littéraire, Matulu. Coup de foudre immédiat entre Jean-Pierre et Alfred. Un point de départ.
Printemps 1979. Matulu est mort depuis longtemps. Alfred Eibel est devenu éditeur et Jean-Pierre Martinet n’a jamais fait de cinéma. Il a juste écrit deux romans, la Somnolence et Jérôme, deux fiascos. Dégoûté par la télé, il a démissionné, il est retourné chez sa mère, à Libourne, où il attend une rentrée d’argent qui lui permettrait d’ouvrir une petite librairie. N’importe où, sauf à Paris. Les deux inséparables sont séparés, ils commencent à s’écrire.

Sombres, désespérées, belles, ces lettres nous montrent un écrivain à la dérive qui a fini par ouvrir une petite maison de la presse à Tours grâce à laquelle il vivote. Il parle littérature, cinéma, de ses goûts et surtout de ses dégoûts, de son écriture aussi, un peu. D’autant que la publication en 1987 de l’Ombre des forêts (la Table Ronde) et de Ceux qui n’en mènent pas large (le dilettante), lui redonne, une dernière fois l’espoir de trouver quelques lecteurs. Mais ce seront encore des échecs… Il ne s’en relèvera pas, il n’a plus la moindre illusion, il ne lui reste alors plus que l’alcool.
La trentaine de (longues) lettres inédites que nous publions ici constitue l’unique témoignage de première main sur la vie de Martinet que nous ayons à ce jour.

Extrait:
«C’est vraiment un piège à la con, la littérature : moi, par moments, ça me flanque la nausée, je t’assure (et ce n’est pas de la littérature!). […] Oui, un piège à cons, il n’y a pas d’autres mots: tout ce mécanisme, les relations auteur/éditeur, oui, tout cela, quelle pitoyable comédie (et en plus elle se joue devant une salle vide!). On a parfois l’impression que l’écriture est le dernier refuge de ceux qui ne savent rien faire: statut pas très glorieux, il faut bien le reconnaître, surtout quand le succès n’est pas au rendez-vous, comme c’est presque toujours le cas. La dernière fois que j’ai réellement éprouvé du plaisir à écrire (une jouissance, oui, même si le mot est bien galvaudé), cela remonte à Jérôme (qui est, comme par hasard, ce que j’ai fait de mieux). Tu vois que cela ne remonte pas à hier!… »

Il n’y a pas d’abonnement à Capharnaüm : vous pouvez trouver ou commander cette revue en librairie.

Revue / 2011 / 13,50€ / 112 pages / 14,5×22 cm / 978-2-912667-92-2

La presse et les libraires en parlent …

[…] Une correspondance inédite, griffue et coléreuse. Mais quelle santé dans la violence, quelle dégaine dans cette façon d’épingler les faux-semblants des lettres, les garçons coiffeurs du roman, les mécaniciens de la fiction ! Cet homme n’a peur de rien ni de personne, dégoûté par le monde littéraire qui le néglige.
Christine Ferniot, Lire.

Il se plaint qu’en France y ait «plus d’écrivains que de lecteurs» et confesser son mépris pour ce qu’il nomme «l’homme de lettres». Comme on le comprend…
Alexandre Fillon, Livres Hebdo.

Disons qu’au fil de cette correspondance nous retrouvons le génie contrarié de L’Ombre des forêts qui, miné par l’alcool et la dépresion, meurt en 1993 sans avoir eu le temps d’entendre tout le bien que nous pensons du «ton de bouffonnerie angoissante» de ses écrits.
Jérôme Goude, Le Matricule des anges.